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Leuvrigny

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Étude de Leuvrigny

Par Geoffrey ORBAN

Vue aérienne Géoportail du versant viticole de Leuvrigny. Sur la photo de droite, les vignes du domaine Francis Orban sont entourées en rouge.

Situation

Leuvrigny se situe au Nord-Ouest du département de la Marne, à 20 km à l’ouest d’Epernay.

Le vignoble fait partie de la région Vallée de la Marne Rive Gauche, et plus précisément de la Vallée du Flagot. Le vignoble du cru est établi sur 137,20 ha en rive droite du Flagot, dont l’encépagement est réparti entre le meunier (86,0 %), le chardonnay (9,2 %) et le pinot noir (4,8 %).

Climat

Le secteur de Leuvrigny s’inscrit dans un climat océanique altéré. Les influences continentales épisodiques et le relief présent induisent une augmentation des écarts de températures ainsi que des précipitations plus importantes.

Le secteur de Leuvrigny est à l’image de ce qui prévaut dans le Bassin parisien, avec des vents relativement faibles dont la direction préférentielle vient de l’ouest. Ils sont plus fréquents et plus violents en hiver en raison du régime dépressionnaire régnant alors dans le Bassin de Paris. La vallée de la Marne joue également un rôle de canalisation qui influe sur l’orientation.

Les gelées se répartissent en majeure partie de novembre à mars. Dans le fond de la vallée, ce nombre peut légèrement augmenter du fait de l’accumulation d’air froid plus lourd. La couverture boisée des versants crée un obstacle pouvant préserver certaines zones mais également en exposer d’autre en bloquant le mouvement de masses d’air froid.

La pluviométrie se répartit de façon relativement uniforme tout au long de l’année. De par leur rugosité plus importante que les cultures, les massifs boisés ralentissent la vitesse des vents et la progression de la nébulosité. Ce phénomène se traduit par une augmentation locale de la pluviométrie. En période estivale, la faible couverture végétale des coteaux opposée à celle plus importante des plateaux entraîne une hausse de la température des versants sud. Ce phénomène induit des mouvements convectifs de l’air. Couplés aux précipitations, des orages violents peuvent s’abattre et déverser plusieurs dizaines de millimètres d’eau en quelques heures.

Le vignoble coiffe le coteau d’une apparente uniformité. Ses couleurs changent suivant les saisons. Au printemps, les coteaux s’ornent de couleurs vertes variées en fonction des évolutions végétatives qui diffèrent selon les plantations et les lieudits. A l’automne, les couleurs rouges et brunes s’étalent peu à peu dans le vignoble et font flamboyer le paysage une dernière fois avant de laisser la place au triste brun des terres en hiver.

Leuvrigny, un Patrimoine Mondial

Le 4 juillet 2015, Les « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, dans la catégorie des « Paysages culturels évolutifs vivants » !

Une reconnaissance de leur Valeur Universelle Exceptionnelle.

Les « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » sont présentés comme le paysage culturel qui a donné naissance au vin de Champagne, et qui comprennent l’ensemble du travail de production, d’élaboration, de diffusion du vin de Champagne transmis et préservé dans les 319 communes de l’aire AOC Champagne.

La vallée de la Marne

Plus longue rivière de France avec ses 514 km

La Marne prend sa source sur le plateau de Langres (Balesmes-sur-Marne, Haute-Marne) et s’écoule d’Est en Ouest jusqu’à la Seine, dans laquelle elle se jette entre Charenton-le-Pont et Alfortville. Le territoire de Leuvrigny fait partie du bassin-versant de la Marne, par le biais du sous bassin du ru du Flagot qui rejoint la Marne, sur la commune de Mareuille-Port.

La Vallée du Flagot

Le plateau de l’Ile de France est incisé par la Marne dont l’encaissement a provoqué la création de ruissellements organisés en petits cours d’eau perpendiculaires au drain principal, créant une multitude de vallons rejoignant la vallée de la Marne. C’est le cas de la vallée du Flagot.

Le Flagot prend sa source à Igny avant d’être rejoint par différents cours d’eau dont le ru Billet et la Colinière au niveau de Leuvrigny.

La vallée du Flagot forme une tranchée dans les coteaux de la vallée de la Marne. Elle est étroite à son entrée Sud avec une altitude de 91 m. Puis la vallée s’élargit et s’étend vers le Nord jusqu’à la route nationale 3, à une altitude de 70 m. Ensuite, le Flagot entre dans la vallée de la Marne et parcours encore 900 m en sinuant pour se jeter dans la Marne.

De part et d’autre de cette vallée encaissée, les coteaux sont raides et l’altitude s’élève rapidement en direction du plateau de la Brie forestière champenoise.
Les vignes de Leuvrigny sont établies à mi-pente du coteau Est de la vallée du Flagot, à une altitude comprise entre 85 m et 220 m. En rebord du plateau de la Brie forestière vous pouvez admirez depuis le hameau du Chêne la Reine, un panorama unique sur la vallée du Flagot et sur la colline majestueuse coiffée par le bois des Châtaigniers.

L’eau est omniprésente sur le territoire : trois puits, cinq sources avec deux lavoirs et un grand nombre de petites sources.

L’extraction de matières premières a été importante sur le finage : carrière de marnes, plusieurs carrières de pierre meulière qui ont fourni des matériaux pour les fortifications de Paris, de pierre à chaux, de terre à brique et à tuile, du sable en abondance.

Versant viticole de Leuvrigny mis en relief (Geoportail), avec la situation des parcelles et des lieuxdits du domaine Francis Orban. On peut remarquer que les parcelles sont réparties selon 3 secteurs sur le coteau : partie basse, partie médiane ou mi-côte et partie haute.

Parcelle du domaine Francis Orban sous format IGN (Geoportail).

Les trois secteurs se confirment, tous situés au sud du village de Leuvrigny, avec une exposition majoritaire vers le sud-ouest qui évolue vers le sud pour les lieudits La Conge de l’Aunais et Le Gros Simon (sud finage du cru).

Le versant montre deux points d’inflexion. Le premier est situé à environ 125 m d’altitude, là où le coteau concave (pente à 12 % en moyenne, avec un pic à 30 %) laisse place à un replat structural (pente moyenne à 3 %). L’autre marque la fin du replat, vers 150 m d’altitude, là où le versant devient plus abrupt avec des pentes plus marquées (18 % en moyenne, avec un pic à 45 %).

Histoire géologique

À la base du coteau se trouve la craie du Crétacé supérieur d’âge Secondaire, surmontée par les alluvions du Flagot surmontées par des colluvions de pente. La totalité du versant est représentée par des formations de l’Ere Tertiaire, composées de roches meubles (sables, argiles, marnes) intercalées avec des roches plus dures ou cohérentes (calcaires, grès), et coiffées en position sommitale par les pierres meulières. Le secteur est marqué par plusieurs limites de transgressions marines qui ont laissé des dépôts d’épaisseurs très variables.

La commune est située dans le bassin sédimentaire de Paris, lequel peut être schématiquement représenté comme un empilement de couches de nature différente que l’érosion a progressivement dégagé. Les niveaux tertiaires sont surtout visibles au niveau des versants, là où les vallées les ont découpés. En pied de versant et au fond de la vallée, les terrains secondaires (craie du Crétacé) sont souvent masqués par des formations superficielles plus récentes.

Dans le secteur, la craie du Crétacé supérieur n’affleure pas au niveau du versant mais elle constitue la base du coteau. La mer de craie se retire il y a environ 70 MA. Pendant environ 10 MA la craie subit une érosion.

La mer revient au Thanétien supérieur et dépose des sables littoraux fin, blanc ou roux quand il est chargé d’oxydes de fer. La mer se retire vers le nord-ouest permettant le développement de petits lacs où se déposent des sédiments calcaires.

Au Sparnacien se développe un régime laguno-continental pendant lequel se dépose des éléments à dominante argileuse pouvant être à l’origine de source.

La mer revient au Cuisien et dépose des sables fins continentaux littoraux d’origine marine, localement argileux et parfois indurés en grès. Début du vignoble.

La mer revient au Lutétien moyen dans un régime laguno-marin à dépôt de calcaires fossilifères qui forment un replat de versant. Cette formation est surmontée par une couche de marnes vertes et blanches.

La mer se retire au Lutétien supérieur et laisse place à un régime laguno-lacustre avec des dépôts d’argiles, puis de marnes avec des bancs calcaires. Fin du vignoble.

La mer revient légèrement sur le secteur puis le régime laguno-lacustre persiste au Bartonien. Au dessus des argiles vertes du Bartonien moyen viennent se déposer des bancs calcaires lacustres puis des marnes. Au Bartonien supérieur se dépose un calcaire silicifié. Cette assise dure forme l’armature principale du sommet des versants avec les bancs calcaires sous-jacents.

Au Sannoisien un régime laguno-marin laisse place à une avancée marine qui sera la dernière sur le secteur et en Champagne. Des dépôts argilo-siliceux remaniés par l’érosion continentale qui va suivre, vont aboutir à l’accumulation d’argiles à éclats de meulières avec des limons argileux. Cette formation est surmontée par les limons de plateau.

L’érosion va aboutir au creusement des vallées, à des mouvements de terrains et au remaniement des couches géologiques en place (sous-sols), donnant des colluvions de versant qui rebattent les cartes des sols. Les formations du Lutétien supérieur sont notamment sensibles sur le secteur et engendrent des éboulis marno-calcaires qui s’accumulent parfois sur de fortes épaisseurs sur la partie inférieure de la formation et sur les assises sous-jacentes.

Coupe géologique schématique
du versant sud de Leuvrigny

Le schéma montre des alternances de couches sableuses, calcaires, argileuses et marneuses, avec une dominante de formations calcaires et sableuses.

Géologie sensorielle du parcellaire Francis Orban

Total domaine : 5 ha 34 a 24 ca
91,36 % Meunier
8, 64 % Chardonnay

SecteurLieuditCadastreGéologieMicrotoponymieCépagePGSuperficie (are)Année de plantation
HautLes MainvillesAM0795PCalcaireMagna villa : importante villa, métairie ou centre d'exploitation agricioleMeunier41B14,251983 : 4,93 a
1989 : 6,45 a
2000 : 2,87 a
HautLes MalaquaisAM0355Argile et marneVient de mal acquêt = mauvais bien acquis par un des époux durant le mariage dans la masse commune / pré conquis sur les brousseillesMeunier41B1,661992
AM0524Argile et marneMeunier41B17,251975
AM0805Argile et marneMeunier41B1,511975
AM0807Argile et marneMeunier41B2,731975
AM0671CalcaireChardonnay41B1,662009
AM0794CalcaireChardonnay41B44,502008 : 35 a
2009 : 9,5 a
HautLe Buisson DuretAI0175Argile et marneDuret = troèneMeunier41B12,121977
AI0176Argile et marneMeunier41B3,321977
HautLes Petits FauxAM0256Argile et marnePetits hêtresMeunier41B3,621966
AM0290Argile et marneMeunier41B8,081962
AM0295Argile et marneMeunier41B6,241979
AM0296Argile et marneMeunier41B5,611983
AM0760CalcaireMeunier41B0,731986
AM0768CalcaireMeunier41B7,661983 : 3,58 a
1985 : 0,5 a
1986 : 3,48 a
AM0769CalcaireMeunier41B5,391983 : 2,71 a
1985 : 0,48 a
1986 : 2,2 a
Mi-coteLe Gros SimonAL0127CalcaireDescription de SimonMeunier41B22,251982
Mi-coteAL0118CalcaireMeunier41B33,041982 : 27 a
1983 : 2,5 a / 3,54 a
Mi-coteAL0130CalcaireMeunier41B55,011971 : 18 a
1973 : 37,01 a
Mi-coteLes Hauts BeugnetsAL0144Sable et calcaireBeugne = bosse ou sommet arrondi donc beugnet avec diminutifMeunier41B26,691971
Mi-coteAL0Sable et calcaireMeunier41B21,491963 : 11,10 a
1968 : 10,39 a
Mi-coteAL0092Sable et calcaireMeunier41B14,501973 : 9,26 a
1984 : 5,24 a
Mi-coteAL0094Sable et calcaireMeunier41B4,741973
Mi-coteAL0095Sable et calcaireMeunier41B7,111984 : 2 a
1985 : 5,11 a
Mi-coteAL0088CalcaireMesure de capacité romaineMeunier41B44,261971
Mi-coteLa DrouenneAL0117CalcaireSource ? (douenne du gaulois Andounna = source)Meunier41B16,361981 : 9,72 a
1983 : 6,64 a
Mi-coteAL0146CalcaireMeunier41B10,281981
BasLes TremblotsAL0058SableIssu du latin tremulus qui signifie le tremble (espèce de peuplier)Meunier41B18,301959
BasLes Fonds des Hautes BeugnetAL0162SableBas de la bosseMeunier41B49,031964 : 32,18 a
1984 : 4,85 a
1988 : 12 a
BasAL0173SableMeunier41B34,481964
BasAL0174SableMeunier41B40,371987 : 12 a
1991 : 10 a
1992 : 10 a
1993 : 8,37 a

Tableau synthétique du parcellaire du Champagne Francis Orban.

Type de sol

47,8 %

Calcaire

26,6 %

Sable

14,0 %

Sable et Calcaire

11,6 %

Argile et Marne

Histoire géologique

L’étude parcellaire du domaine montre que le vignoble est installé à 90 % sur des formations calcaires et sableuses. Les 10 % restant sont des couches d’argiles et de marnes diverses, avec parfois des argiles vertes. Notons que le chardonnay est installé uniquement sur des formations calcaires.

Les formations sableuses et calcaires confèrent au vin de la franchise, de la salinité plus ou moins iodée (présence de fossiles marins ou non) et de l’allonge au palais, avec une tension et une vibration calcaire plus intenses en arrière-bouche (et donc plus de potentiel en maturation) que les sables.

Le chardonnay sur calcaire réagit de manière générale par des notes de citron, de fleurs d’acacia, de pêche blanche, de verveine, de pomme, de poire, d’amande, de noisette, avec des accents de réglisse Carensac et anisés. Il s’exprime sur la fraîcheur avec une acidité citronnée.

Le meunier sur sable prend des tonalités d’agrumes et de fruits tropicaux, tels que l’orange, la mandarine, la clémentine, le kumquat, les fruits de la passion, la pêche, l’ananas. Sa souplesse et fraîcheur pointue et ciselée confèrent une appétence apéritive certaine.

Le meunier sur calcaire montre également sa fraîcheur d’agrumes et exotique, tout en affichant des notes variables de fruits rouges (fraise, framboise), de fruits noirs (mûre, cassis), de fruits blancs (pomme reinette, poire), de fleurs fraîches (rose, oranger).

Le meunier sur argile et sur marne argileuse va prendre du volume dans le palais, de la mâche (assèchement des muqueuses partiel), avec une présence plutôt dans le milieu de bouche. Il offre alors des notes plus charnues telles que la pomme, le coing, la pêche, l’amande, les fruits rouges et noirs, la mangue, la mirabelle, le gingembre, le pain d’épices, le miel, le pralin, la rose capiteuse, le cumin et autres épices douces.
Nous remarquons que quelques parcelles bénéficient d’une double géologie sable et calcaire, réunissant alors toutes les conditions de séduction et de fraîcheur aromatiques.

Cette fraîcheur globale de Leuvrigny s’ajoute aux expositions vers le sud-ouest et à la présence de source ou d’aquifères temporaires en sous-sols. Toutefois, l’intensité des pentes, le travail sur la végétation du meunier, le travail des sols (lame, enherbement) et le choix de respecter une juste date de vendange à la parcelle, permettent de récolter des meuniers à leur juste maturité et de maintenir leur fraîcheur. D’ailleurs le côté réducteur des calcaires et des sables est à entretenir en vinification par un travail sur lies et à l’abri de l’oxygène le plus possible (sans déviation par la mauvaise réduction).

La diversité parcellaire est un outil formidable, d’une part, pour valoriser l’assemblage des qualités propres à différentes parcelles, d’autre part afin de souligner la qualité et la typicité marquante d’une ou de plusieurs parcelles de son terroir, de le faire savoir et tenter de le faire apprécier.

Cette diversité parcellaire conjugue à la fois les influences la géologie, la pédologie, l’exposition au soleil, du microclimat, de l’altitude, des masses d’air, de l’humidité, des cépages et l’approche du vigneron. Francis perpétue le savoir-faire des anciens tout en développant une approche plus à l’écoute du sol, de la plante et de son écosystème, selon son intime conviction et selon les rythmes annuels de la nature.

Un peu d'histoire locale

Le nom de Leuvrigny proviendrait du latin Laura ignita, signifiant « monastère brulé ».

Il possède un écart, Le Chêne la Reine, qui tient son nom d’un passé historique. La Reine Blanche de Castille, surprise par ses ennemis et en fuite, se réfugia dans le tronc creux et protecteur du plus vieux chêne de la forêt pendant un jour et une nuit.

Quant à la Reine Marie-Antoinette, elle fit halte à l’ombre du grand chêne lors d’une chasse à courre.

La Reine s’aperçoit de la disparition de son beau peigne d’argent, cadeau de sa mère très aimée. Les écuyers, les valets, les invités, les dames d’honneur et les modestes bûcherons scrutent les allées, les fourrés, les taillis. Et c’est un pauvre bûcheron, si pauvre et si modeste que sa cabane occupait le petit coin reculé de la clairière, qui trouve le joyau. Il le rapporte à la Reine joyeuse et douce qui le félicite et lui offre sa bourse. Et les pièces d’or ont bâti un vrai village, autour du chêne porte-bonheur, un vrai village heureux. Les habitants reconnaissants l’ont appelé « Le Chêne la Reine » tandis qu’à l’extrémité de la clairière, la hutte modeste et effacée gardait pour toujours le nom de « Le Peigne d’Argent ».

Plus récemment, Leuvrigny a obtenu la Croix de Guerre pour citation à l’ordre de l’Armée en juin 1921 au cours de la campagne 1914-1918 contre l’Allemagne et ses alliés. Un nombre important d’habitations a été détruit par les combats lors de la Bataille de la Marne. Un nouvel édifice de l’église a pu être construit en 1925 en pierres meulières avec les dommages de guerre, extraites des carrières de la commune.